Souscrire un prêt immobilier ou un crédit à la consommation engage l’emprunteur sur plusieurs années, parfois plusieurs décennies. Pour protéger les deux parties, les établissements prêteurs exigent presque toujours la souscription d’une assurance emprunteur, destinée à garantir le remboursement du capital en cas de décès, d’invalidité, d’incapacité ou, parfois, de perte d’emploi.
Longtemps méconnue, cette assurance est aujourd’hui mieux encadrée par la loi. Pourtant, beaucoup d’emprunteurs ignorent encore l’étendue de leurs droits, les possibilités de choix entre plusieurs assureurs et les modalités juridiques du contrat.
À quoi sert l’assurance emprunteur ?
L’assurance emprunteur protège à la fois la banque prêteuse et l’emprunteur.
- En cas de sinistre (décès, invalidité, incapacité de travail), l’assureur rembourse tout ou partie des mensualités restantes à la banque.
- En contrepartie, l’emprunteur reste protégé contre la perte de son logement ou la pression financière sur ses proches.
L’assurance emprunteur n’est pas légalement obligatoire, mais pratiquement incontournable, sans elle, la banque refuserait la majorité des prêts immobiliers.
Les principales garanties que l’on retrouve dans un contrat sont :
- Décès (DC) : remboursement total du capital restant dû.
- Perte totale et irréversible d’autonomie (PTIA) : prise en charge complète.
- Invalidité permanente totale (IPT) ou partielle (IPP).
- Incapacité temporaire de travail (ITT).
- Perte d’emploi, souvent en option.
Le droit à la délégation d’assurance : un choix libre
Depuis la loi Lagarde (2010), chaque emprunteur est libre de choisir l’assureur de son choix, à condition que le contrat propose des garanties équivalentes à celles exigées par la banque. C’est ce qu’on appelle la délégation d’assurance.
En pratique, cela signifie que l’emprunteur n’est pas obligé de souscrire le contrat d’assurance « groupe » proposé par sa banque — souvent plus cher et moins personnalisé. Il peut présenter une assurance individuelle, auprès d’un autre assureur.
La banque a l’interdiction de refuser cette délégation si le niveau de garantie est équivalent.
Malgré ce droit, de nombreuses banques freinent encore la concurrence, invoquant des équivalences de garanties contestables ou tardant à délivrer les attestations nécessaires. Dans ces cas, l’appui d’un avocat spécialisé peut aider à faire valoir les droits de l’emprunteur, notamment en cas de refus injustifié ou de pression commerciale déguisée.
Les obligations d’information et de transparence
Les établissements bancaires et assureurs sont soumis à plusieurs obligations d’information vis‑à‑vis des emprunteurs :
- La remise d’une fiche standardisée d’information (FSI) précisant les garanties minimales exigées.
- Une notice d’information détaillant les exclusions, les conditions de mise en œuvre des garanties et les formalités médicales.
- Le rappel du droit de résiliation et de substitution de l’assurance emprunteur (lois Hamon, Bourquin et Lemoine).
Toute absence ou imprécision dans ces documents peut engager la responsabilité de la banque ou de l’assureur. L’emprunteur victime d’un défaut d’information peut obtenir réparation du préjudice subi, voire la substitution du contrat initial.
Les pièges à éviter lors de la souscription
Avant de signer un contrat d’assurance emprunteur, il convient d’être vigilant sur plusieurs points essentiels :
- Les clauses d’exclusion : certaines pathologies, professions à risques ou activités sportives peuvent être exclues du champ des garanties.
- Les délai(s) de carence et de franchise : ils déterminent le moment à partir duquel la couverture débute réellement.
- Les modalités d’indemnisation : forfaitaire (versement d’une somme fixe) ou « indemnitaire » (compensation de la perte réelle).
- Les conditions de maintien des garanties en cas de changement d’emploi ou de pays de résidence.
Une lecture rapide ou une signature sans accompagnement juridique peut conduire l’assuré à souscrire un contrat inadapté, voire inapplicable en cas de sinistre.
Le rôle de l’avocat en droit des assurances
L’avocat spécialisé en assurance emprunteur intervient à plusieurs niveaux :
- En amont, pour aider à choisir un contrat conforme à la réglementation et à vos besoins réels.
- Pendant l’exécution du contrat, en cas de litige avec l’assureur (refus de garantie, retard d’indemnisation, mauvaise foi).
- En cas de non‑respect de la délégation, pour contester les pratiques abusives d’une banque.
Un accompagnement juridique dès la souscription évite souvent des contentieux longs et coûteux. Il assure surtout une sécurité juridique totale pour l’emprunteur et sa famille. Les avocats experts de CPC & Associés sont là pour vous accompagner.

